✪ Les accidents de la circulation discursive : Repères psychanalytiques

Communication présentée dans le cadre du colloque international  : "les accidents de la circulation routière ; approche psychosociologique ", Université Cadi  Ayyad, Marrakech , Maroc, 2 et 3 mai 2013.

Il est de constatation devenue simple que dans le règne animal, les membres d’un groupe se comportent en fonction des codages programmés dans leur constitution biologique. Même les sociétés animales les plus complexes et les plus stratifiées, comme celles des fourmis et des abeilles, par exemple, n’échappent pas dans leur organisation à ce déterminisme biologique.

Chez les humains par contre, l’individu n’est pas soluble biologiquement dans le groupe, et la vie en groupe ne se réduit pas à la somme des comportements préformés dans les codes génétiques de ses membres. 

Ce n'est donc pas la biologie qui programme ce qui fait lien entre les êtres humains, ni détermine la manière d’organiser ce lien. Le rapport de l’individu à son groupe n’est pas naturellement réglé d’avance et une fois pour toute. D’où ce que Freud a appelé « malaise dans la civilisation ». La civilisation, qui est l’œuvre majeur de l’homme, entraine chez celui-ci un profond et constant malaise du fait des exigences qu’elle impose au moi du sujet dans son traitement de la jouissance pulsionnelle.

On peut dire alors que l'être humain naît deux fois. Il naît d’abord une première fois en tant qu’être biologique. Mais cette condition nécessaire, reste cependant insuffisante du fait justement de son immaturité biologique particulièrement longue. Il doit, une seconde fois, naître à l'humain en tant que sujet. 

Cette seconde naissance, se fait sous le gide du langage qui est certes, comme on le sait communément, l’outil de communication par excellence. Mais à y bien regarder, il est beaucoup plus que ça. Le langage est aussi et surtout l’opérateur qui constitue et institue le sujet parlant dans son monde. Tout de la réalité humaine en porte particulièrement la marque.

Je rappelle, en passant que si Lacan invente le terme « parlêtre » c’est pour enregistrer dans la langue le fait que l’être humain est un être parlant. Il est un être de parole, avant tout. Autrement dit, le langage, via la parole, agit sur la substance jouissante du corps. Il permet d’abord, en nommant cette jouissance, de négativer voire d’annuler ce qu’elle peut contenir de nocivité substantielle, et ensuite il permet, via le discours, de la positiver et la réguler c’est-à-dire la rendre porteuse d’un plus de satisfaction et de plaisir.
La jouissance, dont le langage se charge d’humaniser et de domestiquer, est cette jouissance première, totale et absolue que le sujet doit quitter, doit perdre, pour pouvoir en retrouver les traces et les marques, pour pouvoir en récupérer des bouts, à travers autant d’objets du désir. C’est cette jouissance même dont parlent les trois religions monothéistes en tant que paradis perdu, à retrouver.

Du fait donc de l’action du langage sur le vivant, « le mot est le meurtre de la Chose » ou alors « le nom est le temps de l’objet » comme le dit Lacan. Autrement dit, la jouissance toute est impossible du fait que le sujet passe nécessairement par une parole adressée à un autre et qui attend de cet autre d’être reçue et reconnue.

Ce passage obligé par une parole adressée et articulée sous forme d’appel ou de demande, voire sous forme d’ordre ou de commande, engendre le sujet comme être social. Tout être humain qui vient au monde, se trouve ainsi lié à son Autre social, via les parents en premier lieu qui lui parlent et du même mouvement, oeuvrent à limiter, à unifier et à domestiquer ses pulsions.

Cette parole adressée, se trouve articulée dans ce qu’on appelle le discours. C’est ce qui a fait dire à Lacan que « le discours structure le monde réel ». Cette parole se déploie à l’intérieur du discours qui englobe les modalités de nomination et de distribution des modes de satisfactions ou de souffrances. C’est ce qu’on appelle en somme, les modes ou les manières de jouir qui ont court, dans un contexte socioculturel donné.

C’est ainsi que le discours constitue pour le sujet naissant, le médian de son inscription dans le lien social. Il y puise les éléments signifiants pour tenter de résoudre le conflit existentiel difficilement soluble entre d’une part, les désirs inconscients d’inceste et de meurtre et d’autre part, l’impossible de la réalisation de ces désirs. Ce conflit se joue à travers la mise en tension subjective de deux complexes majeurs ; le complexe d'œdipe et le complexe de  castration. 

Et dans la mesure où « l’inconscient est structuré comme un langage », comme nous le rappelle Lacan suivant Freud, le sujet parlant ne peut pas ne pas passer dans le procès de sa subjectivation, par le signifiant, et en particulier par la fonction de la métaphore.

J’ouvre ici une parenthèse pour signaler que c’est justement pour introduire sa théorie du signifiant en psychanalyse, dans on séminaire sur les psychoses, que Lacan va recourir à la métaphore de la circulation routière comme illustration matérielle et concrète : En somme, pour lui, le signifiant prime sur la signification. Le signifiant est aux significations ce que la grand-route est aux petits sentiers.

Ainsi, si les petits chemins sont de simples traces de passages des éléphants dans la forêt équatoriale par exemple, la grand-route, quant à elle, « est un site, c’est quelque chose autour de quoi s’agglomèrent toute sorte d’habitations, de lieux de séjour, quelque que chose qui polarise en tant que signifiant les significations qui viennent s’agglomérer autour de la grand-route comme telle[2] ».

Cependant, pour un sujet parlant, ce qui peut faire fonction de grand-route, ce n’est pas n'importe quelle métaphore, mais celle qui incombe au père en particulier. Elle s’appelle la métaphore paternelle. Cette métaphore, lorsqu'elle fonctionne pour le sujet, résout la tension entre l’Œdipe et la castration. Elle articule le désir à la loi. Elle ne les met pas en opposition comme on l’entend souvent. Elle fait plutôt en sorte que la loi de l’interdit de l’inceste ouvre au désir.

Autrement dit, le travail de la métaphore dans le langage et donc dans l’inconscient, consiste d'une part, à substituer le signifiant du père, appelé le Nom-du-Père, au signifiant du désir de la mère. Et d'autre part, il consiste à faire surgir chez le sujet un savoir, inconscient articulé autour d’un fantasme fondamental. Ce savoir, Lacan l’appelle « la signification phallique » qui sert au sujet, tout en se défendant contre la jouissance de l’Autre, de se délimiter une identité sexuée, de baliser sa réalité et de s’orienter dans son désir.

La métaphore paternelle[3], en arrimant le signifiant au signifié, noyaute et centralise l'ensemble du discours du sujet. Elle devient le point de capiton, le point central à partir et en fonction duquel, son discours peut tirer cohérence, stabilité et continuité, en bref, s’historiser.

Partant de là, et dans une perspective de clinique différentielle se basant sur la répartition freudienne des structures subjectives entre névrose, perversion et psychose, on peut énumérer sommairement deux types de lien au social.

Nous avons alors affaire, soit à un lien structuré, organisé, tissé par et dans le discours commun, soit à un lien ne passant pas par le discours commun, qui se situe hors-discours. Le premier lien est relatif aux positions subjectives relevant de la névrose et dans une certaine mesure la perversion[4] et le second renvoie à la position subjective du sujet dans la psychose qui lui, fait au préalable, sans le discours commun.

Le sujet de la névrose

Dans la position névrotique par exemple, le sujet suppose au père un savoir sur le désir de la mère. Il prend ainsi appui sur la métaphore paternelle qui nomme et se substitut au désir de la mère. Le sujet névrosé s’assujettie au discours, qui est donc le discours qui vaut pour tous. Il s’assujettie au discours via la fonction de la métaphore paternelle qui fait pour lui barrage à la jouissance toute et en même temps lui autorise des bouts de jouissance appelés en langage lacanien des « plus-de-jouir ».


Le sujet ainsi structuré, se trouve, si on peut dire, lancé dans la grand-route tracée par la logique du discours fondé sur la loi du père. Cependant, névrose oblige, cette lancée peut présenter des ratés ou des accidents non pas en rapport avec la fonction symbolique du père qui est déjà établie pour le sujet, mais plutôt en rapport avec la dimension imaginaire du père, avec ce qu’on appelle le père idéal, c’est à dire, l’image du père avec laquelle le sujet, pendant la traversée de l’Œdipe, était amené à rivaliser auprès de la mère.

Ces ratés dans la circulation discursive, se manifestent le plus souvent à travers des inhibitions, des compulsions de répétition ou des tournées en rond. Ces comportements et attitudes finissent, dans le cadre d’un travail d’analyse, de trouver leur logique dans les contenus refoulés et trouver leur résolution dans la levée du refoulement. En voici une petite illustration issue de la littérature analytique[5] :


Vignette 1 : Circuler en tournant en rond

Il s’agit du cas d’un sujet dont la position subjective relève de la névrose. Celle-ci, comme on va le voir, va donner son style aux errements de ce patient aussi bien dans le champ du signifiant que dans la réalité quotidienne. Il s'agit d’un jeune homme d’une vingtaine d’années qui présente, entre autres, un symptôme très particulier : il se dirige vers une des gars de transport ferroviaire de marchandise, prend place dans un train quelconque et se laisse transporter au hasard des destinations à travers les différents pays d'Europe.

Ce qui donne à ce comportement sa lourdeur de symptôme psychopathologique, c'est que, d'une part, le sujet répète malgré lui ce comportement. Il se trouve contraint de l’exécuter même dans les pires conditions, en risquant le plus souvent de mourir de froid dans les contrées nordiques. Cependant, il est bien conscient de la bizarrerie de ce comportement qu'il agît quasi-automatiquement. Par ailleurs, les raisons qui motivent ce comportement compulsif et la logique qui l'organise lui échappent complètement même s’il cherche à lui trouver quelques justifications. 

Ce déplacement compulsive et énigmatique dans le fond, le jeune homme l'accomplit le plus souvent de façon solitaire. Mais il lui arrive, de temps à autre, de chercher à le socialiser quelque peu en le faisant partager à l'un ou à l'autre de ses copains qu'il parvient parfois à entrainer dans ses errements. 

Au début du travail analytique, le patient se montre accroché aux bénéfices secondaires que lui procurait ce symptôme et ne semble pas vouloir y renoncer. Pendant un temps assez long, il n’a pas cessé de vanter auprès de l'analyste l'exaltation et l’allégement que lui procurait ce vagabondage ferroviaire. Il persiste à vouloir le convaincre du bien énorme que lui faisait cette liberté joyeuse comparée à la régularité contraignante et quasi bureaucratique des séances d’analyse.

Dans cette liberté qu’il dit joyeuse, le patient voulait encore voir, dit l'analyste, « une victoire sur les contraintes paternelles trop surmoïques à son goût et un pied de nez au conformisme bourgeois de sa famille[6] ».

Cependant, les associations du patient conduisent petit à petit l’analyste à s’apercevoir de la chose suivante : en opérant une manipulation très simple sur les lettres du nom de famille de du patient, on obtient, à la lettre près, le mot « Cheminot ».

L’analyste suggère cette interprétation à son patient qui l’accueille d’abord avec peu d’enthousiasme et de conviction, mais il va enfin constater l’effet résolutoire que cette interprétation va opérer sur ce symptôme de vagabondage compulsif.  

« Ce ne serait, dit l’analyste, qu’une curiosité si cette interprétation n’avait pas eu l’effet de lui faire abandonner définitivement cette pratique. Le choc fut grand pour lui de constater que là où il se pensait le plus libre dans son acte, il était le plus dupe, que là où il pensait rompre avec les idéaux familiaux, il était le plus inféodé à une loi qui avait un nom, celui de son père[7] ».

La suite du travail analytique va en effet éclairer le patient sur l’angoisse qui sous-tend ce symptôme et lui donner sa justification et sa raison d’être. Il a pu comprendre que cette fausse liberté et cet allégement trompeur que lui offrait son vagabondage avait pour fonction de lui permettre de contourner inconsciemment l’angoisse qui loge « dans  ses rapports aux femmes et dans le conflit qui l’opposait à son père autour d’une dette remontant au grand-père paternel[8] ».

En tous cas, on voit bien ainsi comment cette circulation répétée et compulsive sur les réseaux ferroviaires ne correspond en rien à cette prétendue joyeuse liberté. Il s’agit plutôt d’une fuite savamment orchestrée et entretenu par l’inconscient du patient et au dépend de sa volonté. Il a fallu le travail d’analyse pour en extraire le texte écrit à son insu,  pour en lire le contenu refoulé et en déchiffrer le message.


Le sujet dans la psychose 

Je passe maintenant à l’autre modalité de se lier au social, modalité fondée sur l’éviction ou le rejet de la métaphore paternelle. De ce rejet, appelé aussi forclusion, résultent le rejet de la castration et la non acceptation de la limitation de la jouissance.

Autrement dit, dans cette modalité qui correspond généralement à la position subjective dans la psychose, le sujet ne suppose pas d’Autre au savoir sur le désir de la mère et au savoir-faire avec ce désir. Pas de fiction de père qui tienne à ses yeux. Le père est relégué en position d’imposteur et ne croit donc pas à sa fonction structurante.

Ainsi, du fait de ne pas se laisser duper par un savoir à supposer au père sur le désir de la mère, il se trouve libre des attaches de la chaîne signifiante et du coup, se met à circuler dans l’infini et l’illimité du hors-discours. « Les non-dupes, dit Lacan, sont ceux ou celles qui se refusent à la capture de l’espace de l’être parlant[9] ». Autrement dit, ce sont ceux ou celles qui ne se fient pas au signifiant du père, comme signifiant de la loi dans le champ des signifiants et du désir de l’Autre.

A défaut de cet « au moins un » qui sait, et comme il n'y a pas d'organisation centralisée de son savoir et son monde, le sujet dans la psychose va lui-même tisser un réseau extrêmement large d’un savoir estimé le protéger de la jouissance de l'Autre. Du coup, il va circuler dans un horizon ouvert, sans limites et à travers de multiples chemins qui le mènent partout et parfois nulle part.


Vignette 2 : Circuler dans l'illimité

C’est le cas de ce jeune homme de 25 ans que je reçois dans une consultation publique relevant de la sécurité sociale. Dès notre première rencontre, il m'informe, tout de go, d'un certain nombre de faits que je vais résumer ainsi : Il a en poche un diplôme hautement qualifiant dans le domaine de la communication et les relations commerciales. Cependant, il vient juste de refuser la proposition d’un poste à haute responsabilité dans une banque, car à ses yeux, c’est le comble de la monotonie et de l’ennui.

Il m'apprend aussi que, un peu avant d'avoir décroché son diplôme, il a rompu de son propre chef, son contrat de travail comme chauffeur livreur. S'il quitte ce travail, ce n'est pas pour les raisons que tout le monde peu imaginer : c'est à dire, pour un autre travail mieux rémunéré et correspondant à sa qualification. Non, il quitte ce travail parce qu'il trouve que les déplacements que lui offrait ce travail, n'allaient pas au delà du périmètre de la ville, ne sortent pas du cadre très restreint à son goût et trop restreignant pour sa soif d'aller ailleurs et plus loin. 

Il m'apprend aussi qu'il venait de quitter ses parents chez qui il était hébergé jusque là et avec qui ça se passait très bien. Il quitte tout ça et il s'apprête à partir. Il se met en partance pour un périple indéterminé et c'est au début de cette pérégrination que nos chemins se croisent, à l’occasion d’un bilan de santé.

Voulant savoir un plus de ce qu'il en est de son rapport à cette répétition impulsive de rompre et cette envie pressente de partir, je lui ai  proposé de nous retrouver à nouveau. Et pendant les 3 ou 4 séances qu'il a bien voulu m'accorder par la suite, je ne le trouvais que trop pressé à reprendre son bâton de pèlerin, comme on dit.


Chez lui, tout manifeste une envie brûlante de foutre le camp. Même en séance, les membres et les parties de son corps tressaillaient jusqu'à l’agitation et son discours s'emballait jusqu'à la confusion. Et à travers tout ce désordre, il m'apprend encore qu’il s’apprêtait à déserter la chambre vétuste où il loge actuellement, au profit d'un libéré de justice. Ce dernier s’impose chez lui et ne se gêne pas de lui soutirer argent, vêtements, objets divers et même son lit. De tout cela, notre sujet ne s’offusque pas. Ce qui polarise tout son esprit jusqu’à l’obsession, c'est cette envie brulante de partir vers un ailleurs indéterminé et il se documente intensément dans ce sens.

Au fil de nos rencontres, qui ont déjà assez durées comme ça, j'ai remarqué qu'il trimbalait régulièrement avec lui un sac de contenance moyenne et qu'il gardait sur lui en bandoulière même en séance. Je le lui fais remarquer et il m'informe que dans ce sac qui ne le quitte désormais plus, il porte tout ce qu’il possède, c'est à dire quelques vêtements de rechanges et les guides de Paris et de Strasbourg. Ce sont, me dit-il, les deux grandes villes de France qui peuvent éventuellement lui offrir la possibilité d’un travail dans le transport international, là où les réseaux routiers sont ouverts sur des espaces infinis, là ou les circuits des déplacements offrent des horizons illimités, La où la boucle pourrait ne jamais se bouler et les pas ne reviendront jamais sur leur propres traces.

Et avant de prendre congé de moi pour ne plus revenir, il ne manque pas de me faire savoir, à mon étonnement, qu’il emporte aussi  dans ce sac quelques ouvrages portant sur la question de l'errance. Il les lit et les relit pour bien préparer, me dit-il, son devenir de sans domicile fixe. 

Pour résumer, disons que le névrosé trouve sa place dans un monde et un lien social hiérarchisé dans lesquels des idéaux collectifs et des limites partagés communément sont disposés et ordonnés tout le long de la grand-route que constitue le Non-du-Père. Cependant, tout le long de ce viaduc déjà bien tracé, certains balisages, certaines indications peuvent êtres plus ou moins nets, ce qui peut conduire à certains atermoiements dans la circulation.

Quant au sujet dans la psychose, le fait de ne pas avoir pris la voie de se laisser prendre par et dans un discours établi, ce qui d’ailleurs, laisse son discours dispersé et errant dans autant de chemins, petits ou grands. Cela ne l’empêche nullement de s’inscrire dans le lien social parfois très aisément et parfois au prix de beaucoup d’ingéniosité et d’efforts voire de souffrances.

Il peut trouver à rejoindre la grande route, qu’elle peut partager avec tout le monde, mais pas sur le modèle prêt à porté d’un discours confectionné à l’aide de l’étalon du signifiant Nom-du-Père. Si le sujet dans la psychose ne prend pas appui sur le père comme symbole pour se repérer dans les petits chemins dont il s’embrouille souvent et qui l’embrouillent toujours dans le champ de la jouissance, il peut cependant compter sur un savoir qu’il construit lui-même sans l’aide du Non-du-Père.

Cependant, ces tentatives qui peuvent être géniales, peuvent parfois être précaires voire ratées. Elles peuvent même être dramatiques, comme dans les passages à l’acte suicidaires ou meurtriers, sans appel et sans recours. Pour cela, le clinicien, et tout un chacun sensible à la fraternité dans l’humanité, doit être très attentif aux solutions singulières de chaque sujet quant à son débat avec les restes de la jouissance à perdre où à récupérer.


BIBLIOGRAPHIE

Bouillot Philippe, 2004, « L’errance subjective », Quarto, 80/81, p. 64-66.
Calligaris Cantardo, 1991, Pour une clinique différentielle des psychoses, Paris, Point hors ligne. 1991.
Freud Sigmund, 1930, Malaise dans la Civilisation, Paris, PUF, 1971.
Lacan Jacques, Le séminaire. Livre III, Les psychoses (1955-1956), Paris, Le Seuil, 1981.
Lacan Jacques, Le Séminaire. Livre XII, Le transfert (1960-1961) Paris, Le Seuil. 1991.
Lacan Jacques, Le séminaire. Livre XVII, l’envers de la psychanalyse (1969-1970), Paris, Le Seuil, 1991.
Lacan Jacques, Le séminaire. Livre XXI, Les non-dupes errent (1973-1974), inédit.


NOTES


[2] J. Lacan, Le séminaire. Livre III, Les psychoses (1955-1956), Paris, Editions du seuil, 1981, p. 327.
[4] « Si la société, écrit Lacan, entraîne par son effet de censure, une forme de désagrégation qui s'appelle la névrose, c'est en un sens contraire d'élaboration, de construction, de sublimation disons le mot, que peu se concevoir la perversion quand elle est produit de la culture. Et le cercle se ferme, la perversion apportant des éléments qui travaillent la société, la névrose favorisant la création de nouveaux éléments de culture. » (J. Lacan, Le Séminaire. Livre XII, Le transfert. Paris, Le Seuil. 1991. p. 43).
[5] Bouillot, P.  « L’errance subjective », Quarto, 80/81, 2004. p. 64-66.
[6] Ibid., p. 65.
[7] Ibid.
[8] Ibid.
[9] J. Lacan, Le séminaire. Livre XXI, Les non-dupes errent (1973-1974), (inédit), séance du 13 novembre 1973.